Can I have a hug ? Or a towel ? [Nora & Cecil]

Nora bouda quand Cecil se détacha. C'était une grosse consommatrice de câlins, et encore plus avec son cuddle buddy favori. Maintenant qu'il était là avec elle, elle n'avait aucune envie de le lâcher de si tôt. Surtout qu'en plus, la solitude des derniers mois avait bien fini par la ronger petit à petit. Elle aimait être seule parfois, mais les extrêmes ça ne l'enchantait pas. Bien sûr, elle était passé voir Nathaniel et d'autres, mais même si elle adorait son ours ronchon, elle savait qu'il y avait des limites qu'elle ne pouvait pas franchir : rester plus de trente secondes à enlacer Nate c'était signer pour un aller simple dans les caveaux de l'enfer. Pour un peu elle aurait pu parier qu'il pourrait la mordre. A cette pensée, elle sourit.
Cecil ne savait pas comment la chose se transmettait d'hommes à hommes. Si on y réfléchissait un peu, tous ceux qui avaient été contaminés par les zombies l'avait été car blessés et le plus souvent mordus par ces derniers. Ca devait être dans leurs dents…? Elle s'interdit de penser que peut-être les zombies étaient les vampires tant attendus de sa génération de fifilles aux hormones explosives. Dans son imaginaire de gamine de quinze ans, Edward Cullen était loin de ressembler à un vieux tas décharné et bavant.

"Dans le doute, évite de me mordre, d'accord ? Je me tiendrai à carreaux en contrepartie" moqua-t-elle.

Nora l'attendit alors qu'il enfilait les vêtements de son frère. Elle zona un moment en le voyant débarquer dans la pièce ridiculement petite, le sweat de son grand-frère unique et favori sur le dos. Cecil ne lui avait pas parlé d'Emmet. Pas une évocation, pas une question. Ce simple fait lui laissait entendre qu'il n'en avait pas plus de nouvelles qu'elle, sinon, elle était persuadée que le jeune homme aux cheveux châtains aurait commencé la discussion par là. Red pinça des lèvres une seconde, regrettant certains moments des années passées. C'était mieux avant, tellement mieux avant.
Les réflexions de Cecil la tirèrent rapidement de sa torpeur.

"Vers le sud ? Tu veux traverser seul la ville ?" cligna-t-elle des yeux, ahurie. Nora connaissait Canterburry comme sa poche, ça faisait plusieurs années qu'elle y vivait, elle en avait arpenté les rues en longs en larges et en travers, et même celles de l'Après. Cecil ne connaissait ni le Canterburry joli, ni la ruine et la zone qu'elle était devenue. L'idée qu'il traverse les places ravagées et les rues vraiment malfamées lui donna la chaire de poule.
"Ca craint vraiment maintenant par là-bas… En plus, il y a des gens bizarres qui sont apparus, et je ne dis pas bizarres par ce qu'ils ont juste des pouvoirs comme toi, je dis bizarres parce que j'ai entendu de mauvaises choses sur eux…" commença la Blake.

[b]"Je ne comptais pas rester. Il faut que j'aille à Whistsable vérifier dans la maison familiale si je ne peux pas joindre Emmet ou mes parents, où s'ils n'y sont pas passés. Il faut que j'en ai le coeur net, après, j'aviserai."

Nora tortilla le bout de son nez, nerveuse. Elle attacha ses cheveux pour s'occuper les mains, ça lui évitait de ronger le peu d'ongles qu'il lui restait. Emmet lui en aurait passé un sacré savon.

"Il y a des gens à Whistsable. Moins dangereux, et organisés. Si tu ne trouves pas de traces de ton oncle et que tu ne veux pas rester seul dans le sud… Mais j'espère pour toi qu'il y sera."

Elle ne pouvait pas lui demander de venir avec elle. Elle l'aimait, elle l'adorait, mais ils avaient tous les deux une route à suivre, des choses à vérifier, et ils se savaient trop égoïstes ou trop peu égoïstes, justement, pour ne pas réclamer la présence de l'autre dans cette quête. Peut-être aussi Nora ne voulait-elle pas de témoin pour assister à son break down en arrivant dans cette maison pleine de souvenirs et vide de monde, si tant est qu'elle existe encore. Elle avait passé les derniers mois dans un silence mordant dès que les cris de folies et les cris d'agonie cessaient. Les seules voix qu'elles avaient entendus étaient parties ou elles les avaient quitté. La présence de Cecil et le timbre raisonnant de sa voix était une douce mélodie à ses oreilles et un véritable baume au coeur. L'idée de s'en séparer et d'être à nouveau seule ne l'enchantait guerre, mais si ils trouvaient tous les deux ce qu'ils voulaient, alors il n'y aurait plus ce problème.

"J'ai pas envie que tu t'en ailles…" souffla-t-elle, plus pour elle même que pour lui, et pas au sens premier du terme.

“C’est pas une petite ville qui va me faire peur ”, pfff, typiquement Cecil et ses airs de nounours. Nora leva les yeux au ciel. Quel boulet celui-là, ce citadin qui découvrait la campagne par la force des choses. Bon, certes, Londres, c’était pas mal grand. Mais quand même. Canterburry, c’était pas si petit. Non ?
Elle le regarda une nouvelle fois du coin de l’œil, avachie sur son propre lit. Le jeune homme et sa fierté de Gryffondor se moquaient d’elle, et elle devait l’avouer, c’était chiant mais elle aimait ça. Puis contre toute attente, qui aurait pensé qu’une rouquine finirait chez les Pouffy, d’ailleurs ? Elle était fière de sa maison, même si Red voulait bien avouer que peut-être l’auteur aurait pu choisir un autre animal. Un panda ou une loutre ou même un castor. Même un chipmunk aurait clairement fait l’affaire.

Lorsque Cecil laissa entendre qu’il pourrait peut-être la rejoindre à Whitstable, elle pesa le pour et le contre en silence. Ca la faisait déjà stresser de le savoir à nouveau sur les routes seul pour se rendre chez son oncle, elle n’était pas sûre d’aimer l’idée qu’il fasse le chemin en sens inverse plus la route jusque son propre village pour la rejoindre, même si l’idée était réconfortante d’une certaine manière. Blasée, elle soupira et leva les yeux sur lui.

« De toute façon, avoue, je ne te ferai pas changer d’avis, pas vrai ? » elle arqua un sourcil. « On est vraiment deux têtes de cochons toi et moi » finit par éclater de rire Nora, quelque peu désespérée par les deux personnages qu’ils étaient.

Cecil lui demanda si elle avait vu de quoi il était capable. Elle s’arrêta de rire, lui lança un sourire coquin et un clin d’œil entendu avant de repartir dans un autre fou rire. Elle rougit doucement quand son cuddle budy lui indiqua qu’il était sûr qu’elle était débrouillarde. Ca faisait plaisir comme compliment. A la maison, elle avait toujours été surprotégée, en tout cas par son frangin. A une époque elle s’était même demandé si elle n’était pas faite de verre ou si elle n’avait pas une maladie chronique rare pour qu’il soit autant que ça sur son dos. Mais non, son premier poignet foulé après quelques séances de parkour avait montré qu’elle n’était pas invincible –dommage- mais également qu’elle ne se briserait pas en mille morceaux.

“T’as… des nouvelles de ton frère ?”

Bruuuh, la question, la fameuse. Elle grimaça.

« Tu crois que je vais chez moi pour une promenade de santé et prendre le thé ? » tenta-t-elle de blaguer avec l’œil malicieux mais un sourire tendu.

Nora se passa la main dans les cheveux et, sans s’en rendre compte, commença à se ronger les ongles, comme à chaque fois qu’elle était tracassée.

« Rien du tout, pour dire vrai. Pas que je m’inquiète réellement pour lui –enfin, tu me comprends, si effectivement je m’inquiète, c’est logique et normal-, mais tu connais mon frère, tu vois comment il est. Il faudrait une dizaine de ces machins pour… bref bref bref ». Elle secoua la main en l’air pour chasser l’horrible pensée qui venait de la traverser. « Je suis plus inquiète du fait qu’il soit sans aucun doute inquiet pour moi et que, du coup, il fasse n’importe quoi. Et comme heureusement on a tous un cerveau dans cette famille –si tu dis le contraire je tonds ta tignasse pendant la nuit-, j’ai bon espoir qu’il réfléchisse comme moi et qu’il se rende à la maison. »

La main de Cecil sur sa tête était rassurante. Elle se cala quelques instants contre le torse du jeune homme avant de relever la tête.

« Hey, j’imagine que tu ne veux pas trainer et, à dire vrai, j’ai déjà du repousser mon départ de quelques jours à cause de la pluie. Si tu veux reprendre la route vite, il faut que tu te reposes d’abord. Alors au lit jeune homme, on mangera bien demain matin, et je te donnerai des infos supplémentaires ».

Elle ouvrit la couette de son lit et se glissa contre le mur, lui laissant un maximum de place possible. Ils avaient déjà dormi ensemble, pas de quoi la choquer. Et de toute façon, elle était du genre à dormir par terre et céder son lit aux autres. Là, elle ne le faisait pas parce qu’elle connaissait son Cecil, pour sûr, il lui aurait fait une scène.
Quand il fut bien installé, elle se tourna doucement vers lui, profitant de sa chaleur.

Il ne leur fallut pas longtemps à tous les deux pour trouver le chemin du sommeil. Nora réussit à quitter son faux sommeil pour quelques heures, pour une fois oubliant le monde extérieur et échappant aux cauchemars.

Au matin, elle prépara un petit déjeuner avec ce qu’elle avait, et partagea des provisions dans un deuxième sac avec Cecil.
Elle nota son adresse à Whitstable sur un morceau de papier qu’elle cala dans une des poches du sac du jeune homme et lui tendit des fringues de rechange de son frère.
Arrivés au moment de partir, elle l’embrassa sur le bout du nez et sur la joue, le regard malin. Nora resserra sa queue de cheval et tira la capuche de son hoodie noir sur sa tête avant de poser la main sur la poignée de sa porte.

« Prêt ? »

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