There are better days ahead [Jesus - Aerin]

There are better days ahead

Les jours passaient et se ressemblaient malheureusement tous. Aerin sentait de plus en plus le poids de la morosité sur ses épaules mais aussi les carences que son régime alimentaire engendrait. Pour d'autres, manquer de vitamines n'était pas un problème mais pour elle... seulement que pouvait-elle faire pour remédier à la situation ? Ce n'était pas comme s'il suffisait d'aller au supermarché pour s'acheter des oranges, comme elle le faisait avant. Ou encore de se rendre à la pharmacie. Et après tout, pourquoi pas ? Ce n'était peut-être pas la première chose à laquelle les autres survivants avaient pensé ? C'était une idée insensée mais plus le temps passait et plus la jeune femme y pensait. D'autant que les vertiges la prenaient de plus en plus souvent, elle se sentait épuisée même quand elle avait passé des heures à dormir et était fréquemment nauséeuse. Elle savait bien ce que ça voulait dire et c'est ce qui lui faisait envisager de quitter la relative sécurité de sa planque pour affronter le monde extérieur, malgré la frousse qu'elle ressentait. C'était ça où mourir là et, malgré sa peur, elle ne se sentait pas encore capable d'abandonner. Elle avait encore de l'espoir. L'espoir de vivre des temps plus simples, celui de retrouver ses parents, que tout finisse par n'être plus qu'un lointain cauchemar. Peut-être était-ce naïf mais c'était ce qui lui permettait de survivre, à sa façon en tout cas.

Elle avait donc passé quelques jours à se préparer à l'idée de sortir, hésitant pour trouver le bon moment pour finir par se rendre compte qu'il n'y en avait pas. Elle ne reviendrait sûrement pas dans la maison où elle avait élu domicile alors c'était au moins important de prendre tout ce qu'elle pouvait et qui pourrait être utile. Il ne restait plus grand chose à manger si ce n'est des barres de céréales, pour la plupart périmées si elle ne se trompait pas sur la date mais peu importe. Entre ça et ne rien manger, elle optait pour les aliments périmés. Ce n'était plus possible de faire la fine bouche. Elle avait trouvé du désinfectant et des compresses, une petite bouteille d'eau. Elle avait piqué dans l'armoire de la maison un manteau chaud, des gants, une écharpe, un bonnet. Ce n'était pas beaucoup mais elle continuait de croire que sa chance ne l'abandonnerait pas de suite et qu'elle trouverait ce qu'il lui fallait ailleurs. Pas comme si elle avait le choix de toute façon, elle était bien trop faible pour prendre plus avec elle. Elle s'était quand même résolu à prendre un couteau de cuisine avec elle, même si elle doutait d'avoir le cran de s'en servir même si ça s'avérait nécessaire. Peut-être arriverait-elle au moins à intimider un éventuel agresseur ?

Et voilà... quelques heures plus tard, à ce qu'elle estimait être la fin de matinée, elle était dans le centre de Canterbury, à la recherche d'une pharmacie ou d'un truc y ressemblant. Une droguerie ferait l'affaire aussi. Le plus important était surtout de ne pas faire de mauvaises rencontres alors Aerin se déplaçait avec précaution, rasant les murs, marchant le plus silencieusement possible. Sa discrétion était sa meilleure chance, elle comptait bien en user abondamment. Et après un moment à errer dans les rues, elle repéra enfin ce qui pouvait faire son bonheur : une épicerie suffisamment grande pour avoir un rayon "médecine". Elle en poussa la porte et c'est là que tout bascula...

There are better days ahead

Sa chance l'avait finalement abandonnée et elle allait mourir là, dans une sordide épicerie sans même savoir pourquoi. Aerin n'avait rien qu'on puisse lui voler, elle ne gênait personne, c'était l'incompréhension la plus complète. Pourquoi cette femme au regard à lui glacer le sang lui voulait-elle du mal ? Était-ce juste... par plaisir ? L'idée même que cela puisse être ça terrifiait la jeune femme parce qu'elle ne pourrait rien opposer à ça. Au moins, avec une attaque "rationnelle", elle aurait eu tout autant peur mais ses arguments auraient peut-être pu faire mouche. Là, elle sentait que ce n'était même pas la peine d'essayer et après le cri strident de surprise qu'elle avait poussé, elle essayait au maximum de rester silencieuse. Elle se découvrait une sorte de courage - qui ne servait à rien certes mais on - devant la mort. La seule chose qui était dans ses cordes, c'était de priver l'horrible bonne femme de son plaisir. C'était une maigre consolation mais crier ne servait, de toute façon, à rien. Personne ne viendrait à son secours si jamais quelqu'un venait à l'entendre. Sauf des zombies. Et après tout, pourraient-ils être son salut si jamais ils venaient à débarquer ? Ils l'attaqueraient autant que l'autre, après tout et entre une maigre chance de survie ou aucune, le choix était fait. Elle se remit à hurler à plein poumons, à s'en faire mal à la gorge, ne luttant même pas contre les larmes qui inondaient ses joues. Elle essayait bien de se débattre mais elle ne faisait pas le poids et elle sentait déjà le peu de forces qui lui restait l'abandonner.

Et puis, au moment où elle abandonnait tout espoir, qu'elle sentait que sa dernière minute arrivait, elle entendit une voix. Elle avait fermé les yeux pour ne plus voir le visage souriant de son bourreau et elle n'osa presque pas les rouvrir de peur que cela ne soit qu'une illusion causée par son désespoir. Et pourtant non, elle n'avait pas rêvé. Ce n'était pas un mort-vivant qui avait entendu ses cris mais bien un survivant... et un qui était prêt à l'aider. Si elle avait été croyante, elle en aurait pensé qu'il lui était envoyé par une entité supérieure mais peu importait, de toute façon, elle respirait la gratitude en le regardant. Finalement, sa chance était encore un peu là. Enfin, elle n'était pas encore tiré du mauvais pas dans lequel elle s'était fourrée toute seule comme une grande. La dangereuse psychopathe la retenait toujours ! L'aide providentielle donna pourtant des ailes à Aerin qui balançait son pied dans la jambe de sa tortionnaire en y mettant toutes les forces dont elle était capable. Elle doutait que ça lui fasse vraiment mal mais, avec un peu de chance, ça offrirait une diversion salutaire ? Ouai, c'était pas gagné mais elle ne pouvait pas non plus rester sans rien faire. Elle finit par repenser au couteau qu'elle avait pris sans trop y croire dans son refuge. Il était dans sa poche et en se contorsionnant un peu, elle pourrait certainement l'atteindre. Avec l'énergie du désespoir, elle s'en empara donc et, en fermant les yeux, balança son bras vers l'avant pour poignarder la femme. Elle sentit une résistance mais elle aurait bien été incapable de dire si elle avait atteint son but ou non.