Let's go for an accidental "zombie trip" || James Donovan

Let's go for an accidental zombie trip

Malgré l'Apocalypse, une sorte de routine s'était installée dans la vie de James et là où ça en aurait dérangé plus d'un, ça rassurait le jeune homme. Non qu'il était du genre casanier pourtant mais avec sa mémoire qui lui jouait toujours des tours, il avait besoin d'une certaine stabilité. Dans le relatif train train quotidien, il avait l'impression de faire des progrès alors que, sous stress, tout partait à nouveau en vrille. Nul besoin d'avoir fait de longues études pour en faire le constat et prendre les mesures qu'il fallait. Surtout que maintenant qu'il avait retrouvé sa sœur, le jeune homme n'avait plus vraiment de raison de s'inquiéter - si ce n'est pour sa sécurité quand elle disparaissait plusieurs heures, voir même jours mais comme il ne pouvait rien faire pour changer les choses, il préférait se plonger des heures durant dans des bouquins pour éviter de se morfondre dans son coin. Avoir une jumelle, surtout la sienne qui ne tenait pas en place, ça voulait forcément dire se faire des cheveux blancs. Il le savait depuis tout petit, ce n'était pas maintenant que ça allait changer, bien au contraire. Heureusement, il savait aussi la force qu'elle possédait et ne doutait pas un seul instant que son intelligence pourrait la sortir de tout mauvais pas dans lequel elle pourrait se trouver. Il avait toute confiance en elle - bien plus qu'en lui-même d'ailleurs.

Alors voilà, ça pouvait sûrement paraître étrange mais James menait donc une vie presque typique d'étudiant, se levant le matin pour se rendre à la bibliothèque de l'université, un étage en dessous de la chambre qu'il squattait. Il y dévorait les bouquins, prenant des notes pour aider sa mémoire et se questionnant lui-même sur ses études de la veille pour voir ce qu'il en avait retenu. C'était sûrement futile, infantile même quand on pensait à tout ce qui avait besoin d'être fait à l'extérieur mais enfin, que pouvait-il bien faire de lui-même ? Alors oui, travailler sa mémoire était ce qui lui paraissait vital pour l'heure. Ne serait-ce parce qu'en diminuant la fréquence de ses crises d'angoisse, il augmentait ses propres chances de survie et, par la même, celle d'Emi qui risquait de tout faire pour lui, quitte à se sacrifier. Voilà pourquoi, pour ne pas changer, il était installé au fond de la grande bibliothèque, à l'abri des regards, sur un des canapés qui avait dû accueillir de nombreux étudiants avant lui. Un livre dans les mains, il était plongé dans sa lecture, absorbé même comme le rêveur qu'il avait toujours été et bien inconscient du monde qui l'entourait. Il était persuadé que jamais un zombie n'arriverait à le surprendre alors il ne s'en faisait pas. Ces dernières semaines, il en avait appris beaucoup sur eux et un mort-vivant isolé, il savait gérer. Une horde, c'était bruyant et il connaissait bien les lieux à présent, ça lui donnait un avantage considérable pour s'enfuir. En gros, il n'avait qu'à craindre les "hurleurs" mais là encore, on les entendait arriver. Alors oui, au grand damn de sa jumelle si elle le voyait là, il était serein. Jamais ça ne lui aurait traversé l'esprit que le risque pouvait venir d'ailleurs, des survivants.

Son cœur manqua plusieurs battements lorsqu'il sentit une présence toute proche de lui et encore plus lorsque la voix lui fit comprendre que ce n'était pas Emi qui lui faisait payer son manque de vigilance. Sa respiration s'accéléra aussitôt et il se redressa rapidement de son siège, laissa tomber son livre au passage. En l'espace d'une seconde, ses deux mains se portèrent sur sa canne et, en se retournant, il l'abattit là où il pensait trouver l'intrus. S'il lui voulait du mal, il allait vite comprendre qu'il n'était pas une brebis sans défense. Du moins, James espérait en donner l'impression.

"Qu'est-ce que vous voulez ? Si c'est de la bouffe, j'ai rien pour vous !"

Let's go for an accidental zombie trip

Aïe, James n'avait pas eu l'intention d'en arriver là. En abattant sa canne, il avait surtout voulu faire peur à son "agresseur", le frapper au bras pour qu'il ait un bel hématome mais pas un coup sur la tête. L'assommer n'avait jamais fait parti du plan même s'il était plus costaud qu'il n'y paraissait et qu'il était finalement qu'à peine sonné. Enfin, au moins, ça donnait la mesure de ce qu'il était capable de faire et ce n'était certainement pas plus mal pour assurer sa propre sécurité. D'autant que sa canne était le reflet de sa faiblesse et qu'il ne voulait pas que l'autre y voit là une ouverture. L'écrivain s'en voulait déjà bien suffisamment de s'être laissé prendre par surprise. Ça lui servirait de leçon et, la prochaine fois, il embarquerait plutôt les bouquins dans se chambre où il avait pris l'habitude de se barricader pour être tranquille. En attendant, le gars devant lui semblait inoffensif même si, par les temps qui courraient, il valait mieux rester prudent et se méfier. D'autant que le fait de le voir rire au coup qu'il venait de se prendre, ce n'était pas non plus la preuve d'un esprit complètement sain. Mais qui était-il pour juger ? L'autre se moquait peut-être de lui-même de s'être fait prendre à son propre jeu ? En tout cas, c'était bien un truc qu'aurait fait l'écrivain à sa place.

"Drôle de façon de se présenter que de surprendre quelqu'un. Vous avez de la chance que ce ne soit pas avec une arme plus dangereuse que j'ai réagi."

Voilà pour la mise en garde et, avec un peu de chance, la menace voilée d'être plus armé que ça serait passé. Il finit quand même par sourire à la demande du gars tant c'était surprenant. Une carte, sérieux ? Il se croyait en voyage touristique ou quoi ? Enfin, peu importe... au moins, pour ça, James pouvait l'aider. A force de trainer dans cette grande bibliothèque, il en connaissait les rayonnages par cœur et il y avait justement une zone pour les guides. Région, pays, tout y était et c'était à présent le seul moyen qu'il restait pour voyager un peu. En quelque sorte en tout cas.

"Là-bas, tu devrais trouver ton bonheur." lui dit-il en pointant du doigt la zone à une vingtaine de mètres en direction de la porte d'entrée.

Il arqua ensuite un sourcil à la proposition de... Derek donc. L'accompagner ? Il était où le piège ? James connaissait le coin, certes - enfin, quand sa mémoire ne lui jouait pas des tours - mais dans quel monde vivait le gars pour ne même pas se méfier un peu de lui ? L'écrivain le trouvait bien trop confiant pour être honnête mais, d'un autre côté, il était aussi d'une nature à ne pas laisser en galère quelqu'un qui demandait de l'aide. Gros dilemme donc mais avec un peu plus d'éclaircissement, il pourrait peut-être y voir un peu plus clair. Et à défaut, en gagnant du temps, peut-être qu'Emy aurait le temps de rentrer.

"Tu cherches à aller où ?"